My Rock Way interview Lucie Gautier - image skate et masque bois

INTERVIEW LUCIE GAUTIER

“Tout est parti d’un rêve. Du besoin de ne pas avoir de regrets, et de l’envie de faire ce que j’aime. C’est ça qui m’a fait changer. “

Formée en direction artistique, graphisme et en illustration, Lucie Gautier réalise des dessins digitaux, des peintures en utilisant de nombreuses techniques allant de l’aquarelle à l’acrylique en passant par la linogravure et le street art.
Son ambition est de créer un art qui apaise. Elle s’inspire de la surf/skate culture, et des environnements dans lesquels ces thèmes évoluent (l’eau, les milieux urbains, la nature dans son ensemble).

Maintenant, donnons la voix à Lucie.

 

Depuis quand est-ce que tu dessines ?

J’ai toujours dessiné, c’est vraiment une activité méditative pour moi. Je ne me souviens plus quand j’ai commencé. Cela me plonge dans une bulle, où le temps et ce qui m’entoure n’existent plus.

Lucie Gautier 1
My Rock Way Interview Lucie Gautier - Skate surfeuses requins

 Quel rôle est-ce que le surf et le skate jouent dans ta vie ?

Ce sont deux pratiques magnifiques qui m’inspirent énormément. Il y a une puissance qui émane de l’équilibre des corps et des planches, en harmonie avec les lignes des vagues ou du bitume, et cela me fascine. C’est comme une danse. De plus, les cultures du surf et du skate sont tellement riches, elles sont artistiquement inspirantes. J’adore regarder les gens rider, et lorsque je m’y mets, je me sens extrêmement bien.

Chaque artiste a sa préférence en matière de médium. Quelle technique te permet de laisser libre cours à ton expression artistique ?

Pour ma part, c’est surtout par périodes, j’aime beaucoup changer de médium. En ce moment, je peins à l’acrylique sur de vielles planches de skates, je dessine au feutre noir dans un carnet et je réalise des illustrations digitales sur tablette. Mais j’adore aussi l’encre de Chine et l’aquarelle, que j’utilise quand j’ai envie de dessiner pour moi ou que je me sens bloquée sur un projet.

Y a-t-il des artistes, des mouvements artistiques ou des époques qui ont laissé une empreinte sur ton travail ? Pourrais-tu nous partager les influences qui t’ont marquée ?

Les artistes des mouvements impressionniste, néo-impressionniste, surréaliste, art nouveau et pop art me fascinent. Auguste Renoir, Anna Ancher, Berthe Morisot, Egon Schiele, Gustav Klimt, Suzanne Valadon, et Keith Haring, pour n’en nommer que quelques-uns, ont créé des œuvres sublimes, formant un immense mélange de références. Étant également influencé par le graphisme, je m’inspire de designers comme David Carson, Malika Favre et Aries Moross.

Passer du statut d’amateure à celui de professionnelle est un grand pas. A quel moment est-ce que tu as décidée de devenir professionnelle ?

Je travaillais comme graphiste maquettiste au Mans, et le dessin me manquait terriblement. Lorsque j’ai déménagé à Nantes, j’ai eu envie de tenter l’aventure en freelance. J’ai décidé de proposer des illustrations en plus du design graphique à mes clients pour leur offrir des visuels sur-mesure. C’est ainsi que j’ai commencé à développer mon activité artistique parallèle. J’ai eu plus de temps pour me consacrer à l’art et m’épanouir à travers lui.

La créativité est souvent alimentée par des sources d’inspiration variées. Quelles sont les choses qui te font vibrer et qui nourrissent ton art au quotidien ?

Mes proches, la musique, les expositions, la nourriture, tout ce dont je me nourris au quotidien alimentent ma créativité. Cependant, c’est sans doute la mer qui me ressource le plus. C’est toute une philosophie qui s’ouvre à moi, une entité à part entière qui me parle. C’est une véritable hypnose.

L’énergie apaisante de tes peintures est palpable. Dans quel état d’esprit es-tu lorsque tu crées ?

Lorsque je crée, c’est toujours l’effervescence. Qu’est-ce que je vais représenter ? Pourquoi ? Comment vais-je le faire ? Une fois ces décisions prises, je peins. Plus rien ne m’atteint, je suis apaisée, et je raconte mon histoire à travers les coups de pinceau.

Parfois, les meilleures créations naissent aussi d’émotions intenses ou de moments marquants. Raconte-nous l’histoire derrière l’une de tes toiles.

Pour la création de l’œuvre «skate-n°2-sharksurf», je peins sur une planche de skate cassée. J’y représente des surfeuses vues de haut, évoluant au-dessus de requins. Les couleurs sont douces, pastel, illustrant la coexistence harmonieuse entre l’homme et l’animal. Cette histoire s’inscrit à un moment de ma vie où le besoin de m’évader est constant. Je venais de rencontrer le skateur nantais Turbomassa, avec qui j’ai beaucoup échangé, et qui m’a transmis sa vieille planche de skate. L’océan me rassure autant qu’il m’effraie. L’infiniment grand nourrit mon imagination de manière effrénée. Je pourrais passer des heures à l’observer, absorbée par l’inconnu dissimulé dans l’écume, la vie et la mort qu’il abrite, ce qu’il nous offre ou nous arrache au rythme des vagues. Il était donc naturel pour moi de le représenter sur cette planche. J’avais besoin d’évacuer ma frustration due à la solitude et au manque d’interaction avec la nature dans mon quotidien de freelance. J’ai alors imaginé cette composition, invoquant la sérénité d’un échange entre la mer, deux amies surfeuses, et les requins. Tous coexistent dans un lent ballet suggéré par les mouvements. Ce tableau invite à la pause, à l’échange, à la tolérance, et à l’amour de la nature.

Lucie Gautier Pop-up Shop
Lucie Gautier - Surfers

Enfin, tu donnes aussi parfois des cours. Des conseils pour tous ceux qui souhaitent commencer ou progresser dans l’art ?

Oui, absolument. J’aime beaucoup transmettre et je suis persuadé que tout le monde peut créer, car c’est propre à l’être humain. Chacun a des médiums de prédilection, et c’est à ce moment précis que les caractères se dévoilent. C’est vraiment une question d’affinité. Je suis là pour accompagner et faire découvrir le dessin ou la peinture à des personnes qui ont abandonné leur pratique en grandissant ou à ceux qui ne se sont jamais autorisés à essayer. Commencer en tant qu’adulte peut être difficile, car on a plus de mal à s’autoriser des erreurs. Pourtant, c’est ce qui fait progresser. Le premier conseil que je donnerais, c’est de se laisser tranquille. On dessine ou on peint parce que ça nous fait plaisir, si c’est moche au début, ce n’est vraiment pas grave. Il faut s’autoriser à être mauvais. C’est comme le sport, quand on s’y remet, c’est compliqué et on souffre, mais à force, on trouve son rythme et on progresse. 

Le deuxième conseil, c’est la pratique. Il faut se dégager des moments rien que pour soi pour pouvoir dessiner régulièrement. Il n’y a pas de secret, à force de dessiner ou de peindre, vous allez progresser. Et voir ces progrès est super satisfaisant. Enfin, le matériel et le sujet posent souvent problème, mais en réalité, ça n’a pas d’importance. On se bloque sur des points futiles. On peut dessiner avec un stylo quelconque et on peut dessiner ses mains ou la pièce dans laquelle on se trouve. La qualité du crayon ou du sujet ne sont que des excuses pour allumer Netflix ou faire autre chose. Si vous n’avez pas d’inspiration, ce n’est pas grave. Sortez prendre l’air, posez-vous avec un papier et un crayon, et dessinez un arbre ou une façade. Vous verrez, une fois que vous aurez commencé, le temps passe très vite. Enfin, pour progresser dans l’art, il faut être curieux et s’y intéresser. Qui sont les artistes qui nous ont précédés et qui sont les artistes contemporains ? Explorez, découvrez, et laissez-vous inspirer.

Lucie Gautier - Longboard girl 1

La culture nourrit l’âme. Y a-t-il des musiques, des films, des écrivains, des peintures qui t’ont marquée et qui continuent de t’inspirer ?

Bien sûr, le féminisme pop et destroy du clip « Mother’s Daughter » de Miley Cyrus réalisé par Alexandre Moors, le tableau « Les Frivoles » de Jacqueline Marval, « Le Déjeuner des Canotiers » de Renoir, « La Chambre Bleue » de Suzanne Valadon, le livre « Ce que nous sommes » de Zep, la musique « Tree Song » de René Aubry, le livre « La Commode aux Tiroirs de Couleurs » d’Olivia Ruiz, les films de Jean-Pierre Jeunet, l’esthétique des films de Wes Anderson, les spectacles de danse de Maguy Marin ou de Pina Bausch.

En tant qu’artiste, tu as une voix unique. A travers cette interview My Rock Way, quel message souhaiterais-tu passer à tous ceux qui vont nous lire ?

Je crois qu’il faut créer, peu importe qui vous êtes ou où vous êtes. Créez pour inspirer, pour partager, pour donner vie à quelque chose de beau, de nouveau. Peu importe ce que c’est, l’acte de création est précieux et puissant. Alors, créez.

Si tu pouvais créer une pièce artistique en collaboration avec la personne de ton choix (vivante ou non), qui choisirais-tu et pourquoi ?

C’est une question complexe en effet. Je crois que je choisirais Suzanne Valadon, car elle incarne une artiste française qui a laissé une marque indélébile dans son époque. Elle a évolué dans une période de l’histoire de l’art dont l’esthétique m’inspire profondément. J’admire son œuvre, ses couleurs vibrantes, sa touche et son trait si caractéristiques. Mais surtout, je suis admirative de sa résilience face au machisme ambiant lorsqu’elle est devenue la première femme admise aux Beaux-Arts. Elle a ouvert la voie à tant d’autres femmes artistes et son courage est une source d’inspiration intemporelle.

My Rock Way Interview Lucie Gautier - Carte de visite contact

Retrouvez Lucie directement sur son site https://www.luciegautier.com/ , sur Instagram. Tous les autres liens sont ici.

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